Sunday, April 30, 2006

1er mai festif et militant

Demain 1er mai, Mix-cité participera aux manifestations de la fête du travail. Deux objectifs: célébrer le travail et les récentes victoires contre le CPE mais aussi rappeler aux syndicats qu'ils ont leur rôle à jouer dans les luttes contre les discriminations au travail. Ce qu'ils ont tendance à oublier...
Si quelques syndicats commencent à prendre en compte les problèmes de discriminations envers les minorités sexuelles, les autres font toujours la sourde oreille. Le rôle des syndicats est pourtant de protéger et de défendre les droits et intérêts de TOUS les travailleurs. Mix-cité se fera une joie de le leur rappeler.

Bonne fête!

Un Cercle Fermé très ouvert

Quand rap ne rime pas avec sexisme, homophobie et clichés masculins dépassés, il y a le Cercle Fermé, qui redonne espoir pour un courant musical majeur qui s'essoufle quelque peu dans les méandres du marketing cliché. Avec un concept sympa (livre+CD), histoire de prendre le temps d'expliquer plus amplement leur propos, les artistes de ce groupe veulent rappeler, comme ils le disent, que ceux qui réclament "Liberté, égalité, fraternité" feraient peut-être mieux d'examiner les propres discriminations qu'ils instaurent.

Bonne visite!
http://www.cercleferme.com/

Album : Des ponts à la place des murs

Monday, March 20, 2006

Women in reggae

Il parait quasiment impossible d’écrire un article sur le reggae sans que les lecteurs soient immédiatement submergés d’images : des rastas bien sûr, la Jamaïque, la ganja, des plages de sable blanc sublimes, des lagons, un univers calme et serein… Seulement voilà, la Jamaïque et le reggae ne sont rien de tout cela.
- Par Monkey Stitou
Cette île des Caraïbes est avant tout une ancienne colonie britannique, aujourd’hui encore très marquée par un certain puritanisme. L’Eglise y demeure très présente et les hommes y sont tout puissants, face à des femmes qui ne peuvent que se soumettre.

A cet héritage colonial, il faut ajouter les conséquences désastreuses de l’indépendance. En effet depuis 1962, les gouvernements se succèdent sans parvenir à surmonter les difficultés économiques du pays, impuissants face à la montée de la violence et à l’omnipotence des gangs armés par ces mêmes gouvernements.

En réalité, la Jamaïque est un pays aussi violent que pauvre et la vie quotidienne y est particulièrement difficile pour les « sufferers », les plus démunis.
Dans cet univers, bien loin des clichés que l’industrie touristique s’applique à mettre en scène dans quelques stations de la côte nord, les femmes occupent sans nul doute la place la plus inconfortable.

Comme dans tous les pays sous développés ou ravagés économiquement, être une femme n’est pas un avantage. Loin s’en faut.
Deux opportunités : se soumettre et survivre ou bien se battre et survivre.

Face à ce choix qui n’en est pas un, nombreuses sont celles qui ont préféré le combat. Et en Jamaïque, en l’occurrence, c’est essentiellement par la musique qu’elles ont réussi, petit à petit, à s’imposer parmi des artistes souvent machos, à l’image de toute une société, pour finalement faire reconnaître leurs droits, sexuels notamment.

A peu de choses près, il est possible d’opposer deux catégories de combattantes : les rastas d’abord, qui véhiculent un message d’amour universel, de respect et rejette toute violence, en particulier envers les femmes, et les autres, celles qui ont décidé d’utiliser les mêmes armes que les plus misogynes des hommes.

La position des femmes rasta est tout à fait intéressante puisqu’elles véhiculent l’image de femmes très fières et fortes. Pourtant leur position est pleine d’ambiguïté si l’on considère leur religion. En effet, rastafari qui est une philosophie de vie basée essentiellement sur le strict respect de l’Ancien Testament n’est pas particulièrement progressiste en matière de droits des femmes. Celles-ci doivent garder leurs cheveux couverts, ne porter que des jupes longues, pas de maquillage…
Néanmoins, il n’en demeure pas moins que ces femmes rasta, stars de la chanson à l’internationale, participent à ce que les femmes soient mieux considérées en Jamaïque.
A l’opposé, la deuxième catégorie de combattantes paraît d’autant plus intéressante que ces femmes ont eu l’intelligence de retourner contre les hommes les armes que ceux-ci utilisaient contre la gent féminine.

Par exemple, il existe depuis très longtemps dans la musique jamaïcaine des chansons que l’on pourrait qualifier de grivoises. Il s’agit du slack, qui signifie littéralement laisser-aller. Dans ces chansons, il est question de sexe et, comme si l’un n’allait pas sans l’autre, le machisme vulgaire en est la toile de fond.Cette branche du reggae était considérée comme un moyen de relativiser et d’aborder des sujets plus légers que le douloureux quotidien de l’époque.

Mais dès les années 1960, alors que l’un des artistes les plus connus du moment, Prince Buster, sort le tube Wreck a pum pum, les sexy girls lancent la contre attaque avec leur morceau Wreck a buddy, sur la même musique. Cette réponse des femmes aux hommes marque le début d’un long combat où les artistes féminines n’auront de cesse de répondre à leurs homologues masculins en utilisant leurs modes d’expression pour combattre leur misogynie.

En effet, puisque la société jamaïcaine des années 1970-80 baignait encore dans un machisme ambiant, les femmes décidèrent de prendre le micro comme les hommes pour souligner les limites de cette misogynie.A l’époque, la mode est aux « deejays », c’est-à-dire les premiers « rappeurs », qui ne chantent plus sur la musique mais parlent de manière plus ou moins saccadée et rapide sur les morceaux.Une série de femmes deejays voit alors le jour avec des textes très revendicatifs comme par exemple Sister Charmaine en duo avec Peter Metro sur le morceau Dibi dibi girl où les deux artistes jouent le rôle du mari et de son épouse, le premier accusant sa femme d’être une mauvaise maîtresse de maison et la seconde reprochant à son époux de ne pas l’aider le moins du monde dans les tâches ménagères.

Un peu différemment, près d’un demi siècle plus tard, des femmes se sont imposées dans le dancehall music, une autre branche de la musique jamaïcaine, dans la lignée du reggae.
Dans ce milieu où sexe et machisme sont une évidence qui ne mérite même pas d’être discutée, les artistes féminines n’hésitent pas à chanter des paroles parfois obscènes, en évoquant le tabou de la masturbation féminine ou encore en se battant contre une tradition qui voudrait que les hommes jamaïcains, et les rastas notamment, ne pratiquent pas le cunnilingus pour ne pas se salir et s’abaisser devant la femme.

Toutefois, le slack, comme son nom l’indique ne parle que de sexe, et donc, si revendications il y a, elles demeurent strictement sexuelles.En outre, il serait malhonnête de ne pas voir dans ce genre musical une forme de pornographie qui rend la revendication très délicate et qui pousse de nombreuses artistes à tomber dans une mise en scène du sexe aussi vulgaire et dépourvue de combat que celle des hommes.

Néanmoins, dans le ragga et le dancehall des années 1990 et 2000, de nombreuses chanteuses se sont tout de même fait une place sans chanter du slack. Parmi celles-ci, Lady G est une artiste qui a fréquemment connu de grands succès sur l’île tout en condamnant la violence conjugale et en prônant l’égalité entre les sexes, notamment dans la chanson Equal Rights.

Il semblerait donc qu’en utilisant un des moyens d’expression favori des jamaïcains, à savoir la musique, les femmes dans le reggae soient parvenues à faire entendre leurs voix et à réaffirmer leurs droits les plus élémentaires, qu’il s’agisse de droits sexuels, de respect ou d’égalité hommes-femmes dans la société.

Chirurgie dé-constructive de beauté.

Alors que la communauté internationale condamne la pratique de mutilations génitales imposées aux femmes dans de nombreux pays du continent africain, personne ne semble s’intéresser aux mutilations ‘volontaires’ que des femmes du monde occidental infligent à leurs propres corps au nom d’un idéal de beauté qui ne devrait pas exister. Les nouvelles technologies de microchirurgie (MedTech) en profitent pour accumuler des profits considérables, tout en instaurant une nouvelle notion de ‘normalité’ : les lèvres de notre appareil génital devraient être ainsi réduites au maximum pour des raisons ‘esthétiques’. - Par Jessica Reed

« Qu’est ce que veulent les femmes? » demandait Freud. De nos jours, de plus en plus d’entre elles se rendent chez leur chirurgien plastique pour demander des procédures à la fois hasardeuses et coûteuses, telles que le ‘rajeunissement vaginal au laser’, l’hymenoplastie (reconstitution de l'hymen) ou la labiaplastie. Cette dernière permet par exemple de sculpter les labia minora (petites lèvres de la vulve) qui seraient trop longues (sic) ou inégales, selon le désir de la femme. Si de telles opérations étaient autrefois parfois effectuées pour des raisons strictement médicales, souvent pour subvenir à des cas d’incontinence, la tendance a changé.
La fin des années 90 a vu aux États-unis une demande croissante d’opérations de ce genre de la part de femme cherchant une solution à des problèmes sexuels et/ou émotionnels, pensant que de telles procédures vont leur permettre de regagner une confiance en soi perdue. Les chirurgiens –et même certains gynécologues pratiquant ces altérations génitales- certifient que les labiaplasties peuvent en effet contribuer à une augmentation du plaisir sexuel, et utilisent un lexique quasi-féministe pour vendre leur savoir faire. Il serait ainsi question de ‘contrôle’, de ‘bien être’, et d’acceptation de soi…

Le phénomène Play Boy

Les différents sites Internet proposant de la documentation sur ces opérations insistent sur le fait que certaines femmes sont de plus en plus gênées par l’apparence de leur appareil génital, qui ne correspond pas à l’image véhiculée par les films ou magazines pornographiques. Ainsi s’est dessiné au fil des années une image définissant ce à quoi ‘devrait’ ressembler notre vulve : petite, serrée, rebondie, rosée, sans surplus de chair aucun, avec des labia minora ne devant pas être plus importantes que les lèvres du vagin. La vulve devient ainsi rien de plus qu’un trou mis à nu, découvert et s’offrant entièrement à la pénétration masculine.
Une rapide visite sur des forums portant sur le sujet permet de lire le témoignage de femmes voulant à tout prix se conformer à l’image de modèles posant pour des magazines tels que Hustler or Playboy, se lamentant de leur ‘différence’ physiologique ne correspondant pas à ce qui est couramment dépeint comme un idéal de beauté et de jeunesse à atteindre à tout prix. De nombreuses féministes et activistes responsables de forums online destinées aux adolescentes américaines s’alarment du nombre de questions portant sur la ‘normalité’ de leur vulve et voulant plus d’informations sur les procédures à leur portée.

Mon corps, son choix?

Dans une interview accordée au site womennews.org, le Docteur Young, spécialiste en labiaplasties remarque que la principale motivation des femmes se rendant à son cabinet né d’un commentaire souvent négatif de leur partenaire à l’encontre de l’apparence : ‘Elles ne se sentent pas parfaites, et veulent y remédier’. L’inquiétude liée au plaisir de plaire à tout prix s’immisce donc au plus profond de l’intimité. Nous sommes loin de la révolution Botox et des seins siliconés, mais au cœur d’un problème plus important : les femmes se persuadent qu’elles doivent enlever, sculpter et modifier ce qui est leur dans l’espoir de raviver des désirs déchus. Elles se persuadent également que leur incapacité à atteindre l’orgasme est entièrement de leur faute, un ‘défaut’ strictement physiologique que la chirurgie peut corriger. Ainsi la science crée de nouveaux idéaux, facilement accessibles si l’on peut se permettre de payer les quelques milliers de dollars demandés par les chirurgiens plastiques. L’appréciation des différences de taille, poids et couleurs est oubliée. Ce qui fait nos corps uniques, nos courbes et nos cicatrices, nos marques et nos rides – tout ce qui est digne d’être célébrés et d’être explorés avec patience et attention- est relégué à une chasse du ‘toujours plus, toujours mieux’.
Mais plus que tout, en appuyant et médiatisant ce genre d’opérations, ce nouveau courant de ‘perfectionnement’ physique empêche les femmes de se libérer de poids que représente l’attente de plus en plus féroce de la société face à des standards de beauté proprement inatteignables et de plus en plus ridicules, souvent dictés par des industries patriarcales, des usines à fantasmes répondant à des attentes purement marketing établies par des hommes. Peut être est-il temps d’apprendre à accepter la marque du temps sur nos corps, la diversité de nos formes, et la beauté qui se trouve dans une notion trop souvent désertée : l’amour propre, brut et inchangé.

Show, résistances et clichés

Quels artistes peuvent sembler plus éloignés l’un de l’autre que la Drag Queen et le Rappeur ? Le dernier semble être l’incarnation clichée(là, pas d’accord, je ne suis pas sûr que ça s’accorde, on pourrait mettre : « le cliché de l’incarnation, up to youc pas l’incarnation qui est clichée ? de la masculinité prise soi-disant virile alors que le premier joue des mêmes clichés pour les décrédibiliser et nous renvoyer nos propres stéréotypes de genre et de sexe. Et pourtant, à y regarder de plus près… - par B.V.

Le chercheur Touré, dans un article intitulé Hip Hop’s Closet: A Fanzine Article Touches a Nerve (2001) s’exerce à un périlleux exercice en osant la comparaison et le rapprochement entre Drag Queen et Rappeur comme figures artistiques. Il y présente une vision plus qu’originale.

Le jeu des stéréotypes

Le concept anglophone de Performance est au cœur de sa thèse. Il pourrait être traduit par « mise en scène, représentation et/ou performance ». Aussi bien le rappeur que la drag queen, en effet, jouent tous deux sur la stylisation du corps et les clichés de genre. Ils manipulent les attributs clichés associés à l’un ou l’autre sexe : qu’il s’agisse des vêtements ou des attitudes, les « marqueurs de genre » sont utilisés comme des éléments artistiques et socioculturels à part entière. De manières fort différentes toutefois : alors que les rappeurs renforcent ces clichés de genre en exhibant des éléments considérés socialement comme virils (muscles, armes, voitures, gestes plus ou moins violents, etc.), les drag queens décrédibilisent les stéréotypes de genre en faisant apparaître leur ridicule (maquillage excessif, vêtements provocants, talons démesurés, etc.).

Résistance à l’oppression

Un autre point commun se dégage alors : par leur performance, les deux types d’artistes luttent contre l’oppression sociétale qui les touche. Rappeurs et drag queens font partis de minorités. Et là aussi, si le principe reste le même, les modalités différent. Si les rappeurs cherchent (ou tout du moins, cherchaient initialement) à dénoncer et à lutter contre le racisme, les drag queens minent l’hétéronormativité ambiante, c’est-à-dire le fait de considérer l’hétérosexualité comme la sexualité « normale », avec tous les jugements de valeur que ce mot implique. Même si les deux discriminations évoquées n’ont pas les mêmes bases et les mêmes ressorts, leur violence symbolique ainsi que leur expression présentent de nombreuses similitudes, comme l’illustre le dessin ci-contre.

La résistance à travers la représentation artistique est ainsi au cœur même de la similitude troublante entre rappeurs et drag queens. Ces combats ont de plus la beauté de se dérouler, non pas dans l’arène politique mais sur une scène qui permet une plus grande visibilité et une plus grande marge de manœuvre : l’arène artistique.

Conflit et compatibilité

Le problème se pose alors de la compatibilité de ces combats. Dans leur lutte contre le racisme, les rappeurs utilisent tellement de clichés de la masculinité (associé à l’idée de guerre, de conflit notamment) qu’ils en arrivent souvent à tomber dans le piège facile de l’homophobie. En utilisant des propos homophobes, les rappeurs entend(ai)ent se construire en opposition à une catégorie pensée comme « féminine », blanche et appartenant aux classes supérieures. Tout ce qui est censé être incompatible avec le rap et le fait d’être noir plus généralement. C’est un glissement dangereux que les drag queens et les minorités sexuelles plus généralement parlant, n’évitent pas toujours non plus. Le racisme n’est pas absent des communautés LGBT [Lesbien, Gay, Bi & Trans], au même niveau que dans la société française. Toutefois, ces deux combats, à la fois contre l’hétéronormativité et le racisme, que drag queens et rappeurs représentent, sont loin d’être incompatibles comme le prouve le mouvement Gay Hip Hop(voir http://www.gayhiphop.com), un collectif de rappeurs gays ou bien encore le film Paris is burning (1990), dépeignant les compétitions de drag queens noires new-yorkaises. Un classique.

Sur le Machisme au Mexique.

En espagnol, le terme macho (mâle) se réfère aux animaux de sexe masculin par opposition à hembra (femelle). Par la suite, ce sens s’est également étendu aux hommes. Cette expression a donc une charge péjorative, poussant les hommes à adopter un comportement bestial et discriminant envers les femmes. Bien que beaucoup d’hommes rejettent ce qualificatif, certains l’arborent avec fierté. - Varenka Hernandez.



La figure du "macho mexicain" n’appartient pas totalement au passé. Bien qu’il y ait une égalité juridique entre hommes et femmes et que la mixité soit effective à tous les niveaux du système scolaire, il existe encore des rôles stéréotypés et des différences marquées quant à la liberté sexuelle des femmes et des homosexuels.

En 1950 pa raissait Le labyrinthe de la solitude. Son auteur, Octavio Paz, s’attachant à décrire l’âme mexicaine, employait l’image « fermé /ouvert » pour distinguer les rôles homme/femme. Pour la société machiste qu’il analysait, la forme fermée était la figure idéale.
L’opposition fermé/ouvert renvoie à l'aspect physique aussi bien qu’à l'aspect émotionnel, la "nature" du macho étant fermée de plusieurs manières: il ne cède pas facilement dans une discussion même s’il s’est trompé ; il n'exprime pas ses émotions ; il évite toute « fuite » de sentiments qui pourrait être interprétée comme une démonstration de faiblesse (feminité) de la même façon qu'il interprête toute « intrusion » dans son aire sentimentale comme une aggression. Pour lui, l’amour équivaut à la propriété.

Le couple « fermé/ouvert » se retrouve aussi dans les relations homosexuelles masculines. L'agent actif (fermé) ne reçoit pas le même traitement que le passif (ouvert, pénétré) ; l'homme actif conserve sa masculinité d’une certaine manière à l’inverse du rôle passif. Tandis que le premier sera l’objet de moqueries, le second sera victimes d'humiliations. On retrouve cela dans l'albur, type d’humour très utilisé au Mexique où l’on essaye de trouver un "deuxieme sens" (une connotation sexuelle) dans les mots de l'interlocuteur : le gagnant sera celui qui réussit, par l’intermédiaire du langage, à violer ou pénétrer son interlocuteur.

Le cinéma mexicain, qui a connu son âge d’or à l’époque de Paz, nous offre un autre exemple avec ses personnages les plus classiques : l'homme entretenant des relations amoureuses avec plusieures femmes sans que celles-ci ne le sachent (et qui, quand elles l’apprennent, finissent par l’excuser), la femme au foyer ou avec un emploi typiquement féminin.

Un demi-siècle plus tard, ce schéma est encore perceptible. La figure "traditionnelle" de la femme mexicaine est double: la femme comme figure de respect (représentée fréquemment par la vierge ou par la mère) et la femme comme être sexuel (associée à la luxure et la prostitution). La mère apparaît comme une figure pratiquement asexuée renvoyant aux vierges catholiques : il n'est pas fait allusion à sa sexualité, non pas parce que cela relève de la sphère privé, mais parce que la figure idéale de la femme est celle d'un être sans désir charnel. En conséquence, la femme, partenaire sexuelle, ne peut pas conserver la "pureté" que conserve la mère aux yeux du macho.

En général, on veut que la femme "soit" mère et epouse, et l’on éduque la femme à l’être: les mères demandent à leurs petites filles de s’ « occuper » de leurs frères, et aux petits garçons de « veiller » sur leurs soeurs.

La SEC (traduisez : « secrétariat d’éducation et culture ») vient compléter l’apprentissage familiale des rôles. Dans les livres de texte d'éducation primaire, "les images rendent compte que, quand la femme travaille, son travail est une extension de l'activité domestique et maternelle: institutrice, infirmière, secrétaire. Les attitudes associées au sexe masculin les plus communes montrent l'enfant/homme lié à la création, à l'invention, au processus productif [... ]ils sont présentées comme des êtres distingués par leur intelligence, par leur initiative, par leur capacité et leur force physique. Ils effectuent les travaux les plus divers et sont toujours actifs, apparaissent dans un plus grand nombre d'occasions que l'enfant/femme".

Après six ans d’une telle (dé)formation, il apparaît moins étrange qu’une grande partie des mexicains aient, à des degrés différents, des attitudes machistes, et que l'adjectif macho soit presque réservé aux hommes affichant des attitudes de supériorité ouverte face aux femmes, quand les autres attitudes machistes passent inaperçues.

Des féministes mexicaines affirment qu’en 1923 la figure de la femme comme mère a été utilisée par le gouvernement qui créa la fête des Mères en réponse à la diffusion dans le Yucatan du livre "La boussole de la maison" (précédent des politiques de planification familiale). La même année s’est tenu le premier Congrès Féministe à Mexico, demandant une éducation sexuelle dans les écoles. Mais, l'Eglise et les pères de famille continuent toujours de protester contre l'education sexuelle enseignée dans les écoles primaires.

La plupart des femmes entament leur vie sexuelle à un âge relativement précoce sans savoir pratiquement rien sur les méthodes contraceptives. La « gazeta médica » (revue destinée aux médecins) affirme qu'une naissance sur six se produit chez une femme de moins de 19 ans. L'avortement n’est pas encore légalisé, et si une femme enceinte décide d'interrompre sa grossesse, elle doit le faire dans la clandestinité. Des chiffres officiels indiquent que 17.8% des femmes en âge de procréer ont avorté et 145 000 femmes/an sont hopitalisées en raison de complications dues à des avortements mal pratiqués.

Il y a à peine quatre ans, un organisme étatique a commencé une campagne contre les grossesses non souhaitées avec l'Eglise en promouvant l'abstinence sexuelle. Slogan de l’opération : « Pour la femme et la vie »… Cette campagne dirigée par la fille de l'actuel président de Mexique (Vicente Fox du Parti d’Action Nationale (PAN), droite), proposait ainsi une "solution" totalement illusoire à un problème récurrent et grave.

De cette manière, beaucoup de femmes mexicaines sont confinées à la "maison" dès l’adolescence sans possibilité de poursuivre des études et par conséquent sans possibilité d'obtenir un travail bien rémunéré, dépendant économiquement d’un conjoint.

Les cas de violence envers les femmes sont tout aussi alarmants. Dans la violence familiale il n'y a pas de chiffres précis, parce que beaucoup de femmes ne dénoncent pas les agressions, mais les registres du Conseil pour l'Assistance et la Prévention de la Violence Familiale soulignent que la violence domestique est exercé dans 90% des cas par les hommes.

Les cas de feminicidios (homicides de femmes) à Ciudad Juarez (ville située au Nord du Mexique à la frontière avec les Etats-Unis) sont mondialement connus. Pour la période 1995-2005, on dénombrait 427 femmes assassinées ou disparues, toutes issues des classes populaires, la plupart travaillant dans les maquiladoras (usines textiles) . A Cuidad Juarez des milliers de personnes se sont élevés au cri de : "Pas une de plus ! Halte à l'impunité ! Justice pour celles assassinées ! " en exigeant du gouvernement qu'il mette un terme aux meurtres et qu’il trouve les coupables. Le 24 juin 2005, les mères des victimes ont appelé à une mobilisation nationale et internationale afin que le gouvernement prenne conscience de l’ampleur et de la gravité du problème. Et surtout, que justice soit faite.

Le Portrait de Sylvianne.

Les cheveux châtains courts, des mèches rousses et blondes qui rappellent ses yeux dorés. Des petites rides au coin des yeux qui se plissent selon que le regard est dur et sérieux ou souriant et franc. Vêtue de jean et blouson marron Sylvianne Perron-Follic est à 41 ans une femme dynamique qui inspire confiance. Elle est une de ces êtres humains qui ont des principes moraux et qui croient en la justice. Enfin qui y croyait. Parce que depuis trois ans, coté justice, elle a donné.

Une histoire banale de licenciement abusif qui tourne à l’injustice. Mais Sylvianne est aussi une femme de caractère qui ne se laisse pas faire. Alors, en même temps que son procès s’éternisait, elle s’est employée à se construire une nouvelle vie. Après quinze ans de travail salarié dans la même entreprise, elle est repartie à 0. Elle qui n’avait pas fait d’études supérieures, elle décide de passer son bac et enchaîne avec deux années de formation à l’université.

La volonté, elle n’en manque pas, le courage non plus. Et il en fallait pour mener de front ses études, son rôle de mère : pour elle l’éducation de ses trois enfants âgés de 4, 7 et 11 ans est une priorité. Sans oublier le choc psychologique lié au bouleversement de la routine quotidienne stable et si rassurante.

Comme elle l’avoue elle-même, derrière tant de détermination se cache aussi une nature anxieuse. Elle échoue au premier examen juste après l’annonce du licenciement, passe quelques nuits blanches les veilles de jugements et s’effondre quand elle apprend un jour avant la date limite que l’entreprise fait appel de la décision de la Cour des Prud’hommes qui lui avait donné raison.

Surtout, elle ressort ‘cassée’ de cette expérience. « Je croyais que c’était enfoui au fond de moi, mais ça fait toujours mal. » Elle avoue avoir perdu beaucoup de confiance en elle. Parfois le doute s’immisce et son regard se terni. A-t-elle bien fait d’intenter un procès pour en arriver là ? Et d’ajouter profondément déçue : « je ne sais même pas si je pourrai refaire confiance à la justice. »

Elle insiste aussi sur le soutien de son mari pendant cette période difficile, mais en tant que femme indépendante elle a dû regagner l’estime de soi et de celle ses proches. Elle a crée et est maintenant présidente d’une association sportive de badminton et ironise sur son titre, pour ses enfants, avoir une maman présidente, ça représente quelque chose ! Le salaire de son mari est suffisant pour faire vivre toute la petite famille, mais Sylvianne travaille dans les cantines scolaires le midi pour ne pas être complètement financièrement dépendante de celui-ci.

Elle est toujours à la recherche d’un emploi mais interprète comme un signe positif le contrat d’une journée d’animation sportive par semaine qu’elle a réussi à obtenir dernièrement. « Ce n’est pas grand-chose mais c’est déjà ça » conclue-t-elle.

En fin de compte, il faudrait faire une croix sur le passé et penser à l’avenir mais elle avoue ne pas vraiment y arriver « je croyais que c’était enfoui au fond de moi, mais ça fait toujours aussi mal. »Le sentiment d’injustice est là, toujours présent et révoltant. Il faudra vivre avec.

- Propos recueillis par Aurélie Placais.

Friday, March 10, 2006

Journée de quelle femme?

Le 8 mars était la journée de la femme, mais lesquelles? La langue française à ceci de particulier que le mot femme a deux significations. La première est le féminin de mari, c'est à dire la femme de quelqu'un, l'autre est le féminin d'homme, c'est à dire un être humain de sexe feminin ou qui s'identifie au sexe féminin comme les travestis. Alors que dans la grande majorité des autres langues, il y a deux mots différents pour marquer ces deux sens (woman et wife en anglais), la langue française n'en a qu'un, comme si une femme étant naturellement la femme de son mari. Nouvelle preuve, s'il en faut, que la langue française est bien machiste. Dès lors, la journée de la femme peut porter à confusion. Certaines femmes mélangeant les deux sens attendaient de leur mari qu'il leur offre des cadeaux, comme si leur existence en tant que femme ne se réferrait qu'à leur statut de couple. Qu'il y ait un jour dans l'année consacrer à la célébration des femmes n'est pas absurde en soit, mais n'oublions pas ce qu'être femme veut dire.

Tuesday, February 21, 2006

Volte-face 2

Chers lecteurs,

Nous sommes heureux de vous annoncer la parution imminente du deuxième numéro papier du magazine Volte-face. La publication des mois de février et mars 2006 couvre plusieurs sujets:
- Discrimination au travail - femmes et minorités sexuelles
- Labiaplastie
- Les femmes en Jamaïque
- Drag-queens et rappeurs
- Les femmes au Mexique
- Et les traditionnelles pages culture avec Le secret de Brokeback Mountain et l'exposition Revolt! She Said

Vous trouverez, gratuitement, Volte-face aux points de distribution suivants:
- Cinémas TNB et Arvor
- Forum Privat
- Virgin Megastore
- Bars : Bla Bar, Anathème et Emblème
- Bibliothèque de Rennes II (plus tardivement probablement)
- etc.

Sinon, vous pouvez nous le demander via notre adresse email :
voltefacemag à gmail point com.

Bonne lecture,

L'équipe de Volte-face

Volte-face 2

Chers lecteurs,

Nous sommes heureux de vous annoncer la parution imminente du deuxième numéro papier du magazine Volte-face. La publication des mois de février et mars 2006 couvre plusieurs sujets:
- Discrimination au travail - femmes et minorités sexuelles
- Labiaplastie
- Les femmes en Jamaïque
- Drag-queens et rappeurs
- Les femmes au Mexique
- Et les traditionnelles pages culture avec Le secret de Brokeback Mountain et l'exposition Revolt! She Said

Vous trouverez, gratuitement, Volte-face aux points de distribution suivants:
- Cinémas TNB et Arvor
- Forum Privat
- Virgin Megastore
- Bars : Bla Bar, Anathème et Emblème
- Bibliothèque de Rennes II (plus tardivement probablement)
- etc.

Sinon, vous pouvez nous le demander via notre adresse email :
voltefacemag à gmail point com.

Bonne lecture,

L'équipe de Volte-face